Projet “Littécriture” : robinsonnade créative à Stagadon

Mercredi 27 novembre, le Festival Transversales 2024 invitait à découvrir le projet de recherche-création « Littécriture » porté notamment par Nathalie Brillant-Rannou (Université de Rennes 2), Jean-Manuel Warnet (Université de Bretagne Occidentale, Brest) et Kateri Lemmens (Université du Québec, Rimouski). Intitulé « Rives, rivages », celui-ci se fixe comme objectif d’intégrer l’écriture créative dans les pratiques de recherche et d’enseignement pour en observer la capacité à les transformer, à leur donner une dimension nouvelle, à ouvrir des perspectives qui échappent sans doute aux habitudes de travail répondant à des normes plus strictement universitaires.

Outre Nathalie Brillant-Rannou, trois étudiantes inscrites en Master de Littérature générale et comparée ou en Master Lettres et Humanités à l’Université de Rennes 2 sont venues témoigner de leur expérience collective dans le cadre de ce projet. Toutes quatre ont participé, en octobre 2024, à une résidence d’écriture de trois jours sur la (très) petite île de Stagadon située dans l’archipel de Lilia, porte d’entrée de l’Aber Wrac’h (Finistère) depuis la Manche et la Mer d’Iroise. Cette session insulaire a mélangé universitaires, étudiant(e)s et écrivain qui ont pu développer des textes in situ à partir de consignes variées.

Parmi les ateliers dont Chloé Legrand, Adèle Di Penta et Zoé Gasparec ont rendu compte figure une expérience liminaire – les sacs et les réserves d’eau et de nourriture à peine déposés – d’écriture de quelques phrases sur les odeurs, les sons, les images, les lumières et les souvenirs que la déambulation dans les quelques centaines de mètres carré de l’île pouvait révéler ou rappeler.

Une autre proposition consistait à inviter les participant(e)s, réparti(e)s en binômes, à écrire leurs portraits réciproques en se tenant à une distance de 100 m l’un(e) de l’autre, avec en toile de fond un paysage insulaire choisi par le sujet du portrait, tout en respectant la contrainte du texte « en briques », les phrases des rédacteurs et rédactrices devant être finalement intercalées pour produire un texte unique construisant ainsi des jeux d’échos inédits.

Un autre atelier d’écriture a amené les participant(e)s à travailler autour d’un événement marquant, en l’occurrence le confinement de 2020, ce qui a conduit à explorer à la fois la dimension individuelle et collective du trouble ressenti à la remémoration de cette clôture forcée et la catharsis que peut constituer la mise en mots de cette expérience.

Pour clore cette présentation dans le cadre du festival, les trois étudiantes ont partagé avec l’auditoire quelques exemples de leurs textes riches, travaillés et sensibles.

Les écrits ainsi produits à Stagadon ainsi que les résultats de la recherche entreprise dans le cadre de ce projet devraient faire l’objet d’une publication, sous une forme qui est encore à imaginer. Quoiqu’il en soit, cette résidence d’écriture, avec ce qu’elle implique aussi de vie collective dans un îlot quelque peu isolé, a permis de confirmer l’intuition de départ de cette recherche-création, à savoir la pertinence, pour les chercheurs et chercheuses, de travailler et d’assumer la part sensible et créative de leurs pratiques d’écriture, manière aussi, pour les littéraires, d’explorer le processus de création de l’intérieur. D’autre part, elle a permis d’expérimenter un autre cadre de travail entre chercheurs/chercheuses et étudiant(e)s, une autre façon de penser l’université, et donc la construction et le partage du savoir.

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