Subnautica, récit d’un naufragé à la dérive

^{Jade Gachet Kaaena – 2D Artist – Subnautica Trailer Arstation}

Le naufragé est pas définition un homme à la dérive. Seul face à la nature, il a traversé une frontière pour s’aventurer dans l’inconnu à ses risques et périls. Il incarne une peur naturelle de l’homme, celle d’être perdu et isolé en mer sans que personne ne puisse le secourir. Mais s’il se trouve ici c’est que malgré les risques, il a choisi de s’aventurer en mer…

Ainsi se mêle dans cette figure bien connue de la littérature et de la fiction en général, l’ambivalence du rapport de l’homme à la mer, entre peur et fascination. Aussi, on pourrait s’interroger sur la façon dont est transcrite cette ambivalence dans une œuvre immersive telle que Subnautica.

Tout d’abord, une petite présentation de notre sujet d’étude s’impose. Subnautica est un jeu de survie au caractère contemplatif développé à l’origine sur PC par les développeurs d’Unknown Worlds interactive, il est sorti officiellement le 23 janvier 2018 mais est resté longtemps en accès anticipé.

^{Jade Gachet Kaaena – 2D Artist – Subnautica Trailer Arstation}

Dans ce jeu nous incarnons le rescapé d’un vaisseau spatial, l’Aurora, dont la capsule de survie s’est échouée sur une planète océan. Tout autour de nous il n’y a pas l’ombre d’un rivage, juste la carcasse encore fumante de notre vaisseau pour nous servir de repère. Il faut donc plonger pour aller chercher les ressources et la nourriture qui nous permettront de survivre dans cet environnement sauvage et peut-être à terme de quitter cette planète…

Cette approche sous-marine prend à contre pied les représentations classiques qui mettent en scène l’homme face à une étendue déserte. Ici, le joueur est invité à plonger et à passer le plus de temps possible immergé, ainsi il découvre un monde sauvage vivant et captivant.

La richesse des fonds marins s’accompagne d’une touche de fantasy et de mystère tout en se nourrissant de notre curiosité réelle pour la faune et la flore marine.

L’inconnu attire et suscite un intérêt grandissant à mesure que nos horizons s’étendent. Cette fascination est renforcée par un travail sur l’ambiance qui participe à l’expérience immersive du joueur, la musique, les bruitages, la direction artistique et même la vue en première personne, tout est mis en œuvre pour renforcer le sentiment d’exploration.

Si l’ambiance nous invite au voyage et à l’émerveillement sous la mer, elle n’est pas sans alimenter également une certaine tension. En effet, il ne faudrait pas oublier que l’essence même du naufragé est d’être seul et à la merci des éléments. Ainsi, toutes les mécaniques qui renforcent l’immersion, nous rappellent de façon systématique, que l’homme est comme un intrus dans cet écosystème.

Notre vision est limitée, tout comme notre visibilité, très vite il faut s’aventurer dans des profondeurs sombres ou notre imagination suffit à remplir ces abysses inconnus. Par ailleurs, l’absence d’autres formes d’intelligences renforce ce sentiment de solitude et d’abandon, même la voix numérique de l’IA qui analyse notre environnement nous rappelle en permanence notre solitude.

L’horreur n’est pas limitée aux créatures marines qui peuplent l’océan, elle vient tout naturellement de l’immensité qui nous entoure. Ce qui fait peur en pleine mer c’est ce que l’on ne voit pas.

Le jeu joue avec nos angoisses, s’amusant à nous éloigner des récifs, à nous faire plonger là où les fonds rocailleux et la lumière disparaissent, pour nous perdre dans des abysses silencieuses.

Loin des plages réconfortantes et de toute civilisation, Subnautica nous offre une expérience riche et immersive de découverte des fonds marins, tout en nous rappelant pourquoi ceux-ci nous fascinent autant qu’ils nous terrifient.

Dans l’immensité de l’océan le naufragé est tel une bouteille à la mer, à la merci des caprices de la nature.

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